En effet, je faisais depuis quelque temps la navette en voiture entre la Vénétie et le Piémont, parce qu’en cette période de changement profond je sentais le besoin «pressant» de participer chaque semaine aux prières célébrées par Swami Roberto…
J’éprouvais la nécessité profonde de me désaltérer à cette source d’eau vive, qui me semblait jaillir toujours plus fraîche et abondante, et ces moments de prière que je passais en présence du Maître étaient devenus l'indispensable panacée qui me donnait l'élan pour faire face aux obstacles qui allaient se présenter à moi.
Chaque fois que je me trouvais en présence de Swami, s’ouvraient devant moi des horizons inattendus de compréhension m'invitant à les explorer… et puis, il me semblait faire le « plein » chez cet incroyable distributeur d’énergie qu’Il est.
Ainsi, quand je m’établis définitivement au Monastère, ce fut le début d'une vie complètement différente : il me fallut peu de temps pour abandonner mes vêtements « séculiers », parce que je me trouvais plongé dans une réalité tellement extraordinaire et absorbante que quelques semaines plus tard il me semblait déjà que cette vie de religieux avait toujours été la mienne, comme si un invisible coup d’éponge avait effacé plus de trente ans passés à raisonner et à vivre en homme dans le monde, intéressé de temps en temps de manière superficielle à la « question de Dieu ».
Ces premiers mois vécus avec mes confrères Ramia furent caractérisés par une joie et une intensité mémorables, qui se rattachaient à un processus fertile de transformation de mon univers intérieur.
La conscience, la foi… et aussi l’émotion et la stupeur devant la nouveauté qui chaque jour se présentait à moi : tout me parlait de Dieu et je ne voulais rien d'autre que de rester à L’écouter.
Le « hasard » voulut que dans ce contexte spirituel particulier une situation plus matérielle créait dans la communauté des Ramia beaucoup d’effervescence : en effet une série de formalités et de préparatifs complexes était en cours afin d'installer dans notre Monastère un « palatenda », qui devenait indispensable pour pouvoir accueillir les fidèles qui affluaient à Leinì pour rencontrer Swami Roberto.
Cette grande tente, qui arriva vers la fin de mon premier printemps à Leini fut montée sur le terrain du Monastère (on y célébra la première prière le 8 juin 1997) et joua un rôle de protagoniste dans mes premières années de sacerdoce…
D’une manière ou d’une autre j’étais chaque jour occupé avec d’autres confrères, à préparer le lieu pour la prière, à faire de petits travaux d’aménagement et ensuite d’entretien, et surtout nous dûmes tous ensemble vivre une longue série d’attentes… et de formalités bureaucratiques… pour que les fonctionnaires de la mairie de Leini nous accordent d'une fois à l'autre les prorogations nécessaires pour l'autorisation d'utilisation temporaire.
Cette grande tente était en effet une structure provisoire, que nous allions devoir enlever tôt ou tard, aussi nous trouvions-nous dans une situation très particulière, comme si nous étions « en train de camper » sous cette toile.
Maintenant... je vous raconte ces événements plus de seize ans après qu'ils se soient produits... mais sur mon bureau on peut voir le « responsable » de mon souvenir.
Il s'agit d'un verset du célèbre prologue de l'Évangile de Jean (1,14) traduit par: « Et le Verbe s'est fait chair et il est venu habiter parmi nous; et nous avons contemplé sa gloire ».
En réalité au lieu de « il est venu habiter » il faudrait écrire « poser sa tente », car c'est le sens du verbe eskēnosēn que l'évangéliste a utilisé dans le texte original en grec. Ainsi, dans sa version la plus authentique, ce verset de Jean parle avec une précision presque littérale de l'expérience que j'ai vécue, à tel point que moi aussi je pourrais le réécrire de la même façon!
En effet, Dieu est venu habiter dans ma vie en « s'installant » dans cette grande et inoubliable tente dont je viens de vous parler et où pendant 14 ans j'ai pu Le rencontrer, ainsi que tant d'autres fidèles ramiriques qui ont pu ici emplir leur cœur d'Amour et d'Espérance, dans des moments de prière inoubliables.
Ce furent pour moi des années merveilleuses, durant lesquelles j'ai d'abord vécu mon premier exode personnel, en quittant l'Égypte d'une vie vécue sous le joug de l'ignorance spirituelle... puis j'ai fait un pèlerinage dans le désert à l'abri de la tente où j'ai adoré le Seigneur... et enfin je suis arrivé en Terre Promise... là où la précarité de la tente laisse place au Temple de pierre qui protège le Pacte d'Amour établi entre Dieu et moi et tous les fidèles ramiriques.
Aujourd'hui, la Coupole du nouveau Temple qui se détache sur le ciel devant mes yeux me fait penser à la présence de Dieu qui... exprimée avec le terme hébraïque « shekinà »... me montre la même racine (s... k... n) que le verbe grec eskénosen.
En effet, le nouveau Temple ramirique s'élève sur le lieu exact où se trouvait auparavant l'ancienne grande tente, aussi la contient-il de manière idéale et énergétique... et c'est comme si c'était une image de la shekinà (présence de Dieu) qui contient la skēnē (la tente), non seulement du point de vue étymologique mais aussi dans la réalité concrète.
Ainsi ce verset de l'Évangile de Jean résonne maintenant au plus profond de mon âme « Et le Verbe s'est fait chair et il a posé sa tente parmi nous, et nous avons contemplé sa Gloire ».
À ce propos... le fait que mon Maître se nomme Roberto... un nom qui dérive de l'ancienne langue gotique et qui est formé de deux termes « hruod », gloire et « bert », resplendissant, c'est-à-dire « Resplendissant de Gloire »... c'est seulement un détail « insignifiant », vous ne croyez pas ?
Étape suivante : Ma « Porte »
Index de la page « Mes photos sur ma foi »