Je me souviens encore de l’attente de ce jour : ma mère se prodiguait pour mettre de côté l’argent pour le costume du dimanche et je collaborais à cet objectif par le sacrifice de quelques jouets et goûters.
Puis le voyage au magasin, le choix d’un costume beige, d’une chemise blanche avec un nœud papillon bleu, des chaussures toutes neuves et enfin le grand jour : mes camarades de classe vêtus de pied en cap, les mères contentes que « leur amour » ne faisait pas fait mauvaise figure devant ses amis, nous tous bien heureux d’arborer notre nouveau costume. Nous tous sauf un: le premier-né d’une famille nombreuse très pauvre, obligé de mettre ses chaussures et son pantalon de tous les jours, avec, comme seule nouveauté, une chemise jamais portée auparavant, peut-être celle « du dimanche » de son père, vu qu’elle était vraiment trop grande.
Je me souviens encore maintenant que, quand je vis ce camarade de jeux qui m’était très cher, je ne pus croiser son regard avec spontanéité, tellement j’avais peur de voir son expression triste par rapport à mon « privilège ».
Je me rappelle que, en allant au restaurant, je pensais à l’humiliation supplémentaire qu’il était obligé de subir, parce qu’il ne pouvait se permettre le repas que la tradition imposait « pour faire une Communion comme il se doit », ainsi on disait.
En ce jour si attendu, j’avais l’impression de voler le bonheur du cœur d’un ami.
Cette « fête » m’apporta un si grand chagrin, qu’aujourd’hui encore je m’en souviens très bien.
C’est à partir de ce moment que commença ma désaffection envers la manière de comprendre la pratique religieuse, vécue comme un prétexte d’ostentation. Mon cœur me disait des choses bien différentes !
C’est seulement quand je rencontrai la liturgie d’Anima Universale et y découvris le rite religieux vécu en conscience et non pour la forme que cette cicatrice guérit complètement.