Notre dialogue du jour s'est inspiré d'une photocopie qu'elle avait avec elle, tirée d'un livre du cardinal Gianfranco Ravasi.
Sur ce papier étaient mises en évidence quelques lignes écrites par le haut prélat pour défendre la doctrine catholique... accusée par la Réforme protestante d’être responsable de la diabolique « invention » médiévale du purgatoire... et mon interlocutrice a commencé à les lire :
« En vérité la doctrine d'une purification supraterrestre – qui, entre autre, appartient aussi à d'autres religions et doctrines (celle de l’ancienne Égypte, du bouddhisme, de Platon, de Virgile) – était déjà un patrimoine commun dans les textes de nombreux Pères de l'Église et d'auteurs chrétiens des premiers siècles, à partir d'Origène ». (Card.G.Ravasi, « Questions de foi »)
Puis elle m'a dit : « Au-delà de la "guerre" historique entre catholiques et protestants, qui a eu pour origine la "vente des indulgences" par le Vatican, pour les âmes du Purgatoire... théologiquement, que pensez-vous de la question du Purgatoire ? ».
J'ai alors commencé en lui disant que si on raisonne en termes généraux, la théologie chrétienne de mon Église s'insère dans le « fleuve » des doctrines qui conçoivent la possibilité d'une purification après la mort physique...« Mais parmi ceux qui croient à cette purification – ai-je précisé – il y a une autre distinction fondamentale à faire entre ceux qui la conçoivent sur un plan exclusivement spirituel... et ceux qui au contraire la situent sur un plan impliquant aussi la corporéité ».
Puis j'ai continué en lui expliquant comment, dans la Pensée chrétienne-ramirique « cette purification peut advenir grâce à la renaissance dans un corps... dans le cas où l'individualité spirituelle n'a pas encore atteint la possibilité de retourner définitivement à l'Éternité de Dieu, au-delà du cycle des naissances et des morts ».
Poursuivant le discours, je lui ai dit que cette éventuelle réincarnation de l’être humain ne peut en tout cas pas advenir dans une forme de vie animale, parce que la « purification » ne peut être mise en œuvre que dans une direction spirituellement évolutive qui exclut les régressions envisagées au contraire par d'autres doctrines réincarnationnistes.
« Donc - me dit-elle - pour vous cette éventuelle purification après la mort consiste en la possibilité d'une nouvelle naissance dans un corps humain... et donc on peut dire que vous croyez dans un "purgatoire" qui a lieu sur terre et non dans une autre dimension... »
Je lui ai alors répondu : « Dans les grandes lignes, on peut le dire ainsi... à condition de ne pas oublier que le concept de "purification après la mort" implique aussi d'autres significations spirituelles, que le christianisme-ramirique et le christianisme-catholique entendent de manière différente. »
Seulement pour lui donner un exemple, je lui ai rappelé que la doctrine catholique du purgatoire est née en tant que possibilité supplémentaire d'expiation, accordée aux pécheurs qui mouraient avant d'avoir payé les peines qui leur étaient infligées dans le Sacrement de la pénitence...
« Au contraire - lui ai-je dit - pour nous, la “purification” dont une individualité peut encore avoir besoin après la parenthèse de sa vie terrestre, n'est pas nécessairement une "pénitence"... mais bien plutôt une nouvelle opportunité d'évolution spirituelle que la Miséricorde divine accorde à sa liberté humaine.»
Puis, le discours s'est orienté vers une autre page de mon journal, et plus précisément vers l'article “attention à qui parle”, dont mon interlocutrice du jour se rappelait en particulier le passage « Réincarnation : une doctrine tolérable dans sa version “modérée" » relative à la position du jésuite allemand Karl Rahner, un théologien qu'elle estime beaucoup parce qu'il a été un protagoniste du renouvellement de l'Église catholique qui a conduit au Concile Vatican II.
C'est pourquoi elle a alors voulu me lire une autre des photocopies qu'elle avait avec elle... ce passage écrit par Rahner :
« Le purgatoire pourrait offrir l'espace pour une histoire post mortem de liberté pour qui a été privé d'une histoire de ce genre dans sa vie terrestre (…) ce qui pourrait même amener à une compréhension chrétienne acceptable de la transmigration des âmes, à condition d'exclure la réincarnation dans des êtres sous-humains et de ne pas nier la fin irrévocable de l'histoire temporelle ».
(Rahner K. "Purgatory", in Theological Investigations 19, New York, Crossroad, 1983, pp.181-193 )
Comme elle m'a ensuite demandé ce que je pensais à ce sujet, je lui ai réaffirmé que le concept chrétien de réincarnation enseigné par Swami Roberto exclut la « réincarnation dans des êtres sous-humains » et ne nie pas « la fin irrévocable de l'histoire temporelle »... et à ce moment-là, j'ai vu sur son visage une expression rassérénée, comme si elle avait eu la confirmation qu'elle attendait.
« En tout cas - ai-je ensuite conclu – tenez compte du fait que la "compatibilité" substantielle de notre concept chrétien de réincarnation avec les théorisations que Rahner et d'autres célèbres théologiens ont élaborées par rapport à la doctrine chrétienne du purgatoire, n'épuise pas la question... dans le sens que leurs positions théologiques ne peuvent pas correspondre aux enseignements de Swami Roberto qu'ils n'ont évidemment pas pu connaître. »
Le dialogue s'est poursuivi encore un peu mais pour aujourd'hui, et pour ce résumé,
je m’arrête ici. La suite... pour la prochaine fois :-)
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Étape suivante : Esprit unique et non reproductible
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