« Ne vous apercevez-vous pas que nous sommes des vers
nés pour former l’angélique papillon,
qui s'envole vers la justice sans écrans ? »
(Purgatoire, X, 124-126)
Le papillon, parce qu'il est facile de l'observer dans la nature, est depuis l'antiquité une image utilisée traditionnellement pour représenter l'âme.
La chenille qui rampe au sol, ou sur une plante, se prête en effet à représenter la vie terrestre de l’être humain dont l'âme, quand elle aura laissé sur terre son corps inanimé, pourra « voler » dans la dimension invisible... un peu comme l'agile papillon, une fois qu'il aura laissé l’enveloppe revêtue pendant qu'il était « ver », pourra finalement se libérer en vol...
Non seulement cette métaphore est « chez elle » dans diverses anciennes religions et philosophies, mais elle l'est aussi dans le Christianisme... du fait d'une caractéristique significative du Nouveau Testament, où l'âme est désignée par le vocable grec psychè, utilisé une bonne centaine de fois par les différents auteurs.
Il s'agit d'un terme qui dans la langue grecque désigne soit l'âme soit le papillon et qui, depuis son origine étymologique, « évoque » donc ce parallélisme entre la « métamorphose »... par laquelle la chrysalide se transforme en une créature ailée... et le moment où l’âme de l’être humain, en abandonnant la dépouille du corps mortel, entre dans un état « volatile », qui n'est plus emprisonné par les limites corporelles.
Stimulé par cette image métaphorique... je repense aujourd'hui au concept théologique dont je vous ai déjà parlé dans le post « De la fin de tout... à la vie éternelle », où je mettais en évidence la différence qui existe entre le principe de « résurrection spirituelle » vue par la pensée eschatologique d'Anima Universale... et à l'inverse, la « résurrection spirituelle-corporelle » envisagée par les doctrines d'autres Églises chrétiennes.
Ces dernières peuvent évidemment interpréter la métaphore évoquée par le vocable évangélique psyché comme si, pour arriver « à destination » dans l'Éternité de Dieu, le papillon-âme devait à un certain moment « exhumer » (mais sans bien préciser la façon de le faire) la « dépouille » du temps où il était un « ver-chenille »...
Tout autrement que ces doctrines... ma pensée spirituelle chrétienne-ramirique me fait lire cette même métaphore dans une direction « ascensionnelle » au sens où... au-delà du fait de ne pas revenir en arrière pour « récupérer » le corps terrestre qu'il avait quand il était « ver »... la psychè/papillon à un certain moment devra aussi abandonner son « corps léger/éthéré »... qui est un « corps » lui aussi... afin que l'essence, c'est-à-dire l'esprit, puisse faire son retour à l'Éternité de Dieu.
Il s'agit, évidemment, de deux perspectives bien différentes mais... au-delà des motivations théologiques-confessionnelles qui amènent à pencher pour l'une ou pour l'autre... un fait ne peut pas être ignoré :
Quand les auteurs néotestamentaires choisirent le terme psyché, ils étaient évidemment au courant de la signification attribuée à ce vocable par la pensée platonicienne, qui concevait l'âme comme un principe immortel et immatériel... préexistant au corps et de nature différente de ce même corps.
Or... même s'il est évident que la pensée religieuse, de par sa nature, se différencie de la pensée philosophique, et chaque doctrine théologique suit des parcours différents de la seule spéculation rationnelle... aujourd'hui je pense à une question que les chrétiens qui croient dans au concept de « résurrection du corps » pourraient se poser :
Mais comment se fait-il que les auteurs néotestamentaires n'aient pas utilisé le mot hébraïque nefesh, (qui selon l'ancienne mentalité sémitique désigne l’âme « intégrée » au corps) ou un autre terme ayant la même signification... mais qu'ils ont justement choisi d'utiliser le vocable psyché, c'est-à-dire un mot qui depuis l'antiquité grecque désigne la partie immatérielle de l’être humain, avec une signification philosophiquement inconciliable avec l'idée de résurrection du corps ?
Laissant aux partisans de la « résurrection même corporelle » de l’être humain la charge d' « expliquer » cette particularité (qui, dans leur perspective, est au minimum porteuse du « risque » d’être source de confusion)... moi au contraire j'observe, à la lumière de ma pensée spirituelle chrétienne-ramirique, que le vocable psyché choisi par les auteurs du Nouveau Testament « correspond » parfaitement à ma perspective eschatologique... qui conçoit la résurrection de la seule partie spirituelle de l’être humain.
Voilà alors qu'aujourd'hui... sans même annuler les différences qui évidemment existent entre la conception philosophique-platonicienne d'« âme » (qui désigne au sens large la partie incorporelle de l’être humain)... et la conception religieuse d' « âme » propre au Christianisme ramirique (selon laquelle la partie incorporelle de l’être humain se compose d'« âme » et d'« esprit »)... je peux observer la métaphore évoquée par le terme psyché-anima dans sa signification plus naturelle :
Je peux en effet la lire comme un rappel symbolique de la « métamorphose » vers laquelle s'oriente la partie animique-spirituelle de l’être humain... qui, comme un « angélique papillon », aspire ardemment à abandonner tout lien avec la dimension matérielle, pour « s'élever en volant » vers l'Éternité de Dieu.
Étape suivante : Âme... et Esprit
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