Dans l'un des anciens récits d'Ésope, deux chèvres se rencontrent au milieu d'un tronc suspendu entre les deux rives d'un fleuve.
Puisqu'elles vont dans la direction opposée, et que le tronc est trop étroit pour pouvoir passer en se croisant côte à côte, il faudrait que l'une d'elles revienne en arrière, pour laisser le passage à l'autre... mais aucune des deux ne veut le faire, et le résultat est donc, qu'après s'être heurtées, toutes deux tombent dans le fleuve.
La voie pour résister aux séductions de ce stupide « conseiller », requiert la capacité d'emprunter le sentier de cette sagesse qui, par exemple, est aussi exprimée dans la tradition orientale par la comparaison entre les fontainiers qui canalisent l'eau, les menuisiers qui plient le bois, et « les Sages qui se plient eux-mêmes » (cf. Dhammapada, Chap.VI, 80).
La « supériorité » qui compte vraiment n'est pas, en effet, celle ambitionnée par l'orgueil, qui vise toujours à prévaloir sur les autres en prévariquant, en s'exhibant, en se vantant...
mais plutôt celle qui jaillit de la volonté de travailler intérieurement afin d'être, jour après jour, une personne spirituellement « supérieure » à la personne qu'elle était le jour précédent.
Pour y réussir, il faut nécessairement « se plier » soi-même en se remettant en question, en se corrigeant, en se relevant et aussi... quand il le faut... en faisant faire « un pas en arrière » à l'amour-propre, pour faire en sorte que la sagesse du bon sens prévale sur la sottise.
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« S’il te semble difficile d’extirper les racines profondes de ton amour-propre, cherche au moins, avec toutes tes bonnes intentions, à l’empêcher de produire ses fruits vénéneux...
C’est encore très peu pour ta croissance, mais c’est mieux que rien.
Entre-temps, fais tout ce qu'il faut pour te procurer la “décapeuse” du Discernement qui t’aidera à creuser, afin que toutes les racines de ton orgueil et de tes contradictions soient éliminées du “terrain” de ta spiritualité.»
(Swami Roberto)