lundi 24 avril 2017

Tradition « pécheresse »

Dans mon post  « monstres sacrés », le 8 mars, j'ai mis en évidence quelques-unes des racines historico-religieuses de la discrimination qui existe aujourd'hui encore envers la femme et... entre autres... j'ai identifié l'une de ces « racines » dans le deuxième des deux récits, significativement différents l'un de l'autre, dans lesquels les auteurs des pages bibliques de la Genèse racontent la « formation de l'homme et de la femme ».
Je reviens aujourd'hui sur ce sujet, en mentionnant un passage que le Cardinal G. Ravasi a consacré à ce thème :
« Le texte de la Bible en général n'est pas aussi fluide et continu, il révèle des "gibbosités", des répétitions et des présentations différentes d'un même événement. Par exemple il y a dans la première et dans la deuxième page de la Genèse une double narration de la création considérablement différenciée. Dans la première l'homme est créé à la fin des six jours symboliques de la création ; dans la deuxième l'homme, au contraire, est la première œuvre de Dieu et le récit est beaucoup plus pittoresque et débouche sur le "péché originel", inconnu de la première description » (G.Ravasi, “Questioni di fede”, 2010 Mondadori, p.150).

Beaucoup parmi vous se rappelleront que dans le post « monstres sacrés » j'avais mis en évidence comment le premier (Gen 1,26-28) de ces deux récits fait émerger une conception « égalitaire » homme-femme... tandis que le deuxième, celui de la « côte d'Adam » (Gen 2,24-28), subordonne la femme à l'homme.
Eh bien... G. Ravasi évoque ici le fait que ce deuxième récit débouche sur le « péché originel »... c'est-à-dire sur les versets qui parlent de la naissance du péché de l’être humain suite à la tentation diabolique perpétrée par le « serpent »  (Gen 3,1-19).

Cet événement célèbre... considéré par beaucoup comme la « base biblique » de la doctrine religieuse du péché originel... a évidemment constitué un nouvel éloignement de la conception « égalitaire » homme-femme exprimée dans le premier passage (Gen 1,26-28)... parce que c'est la femme, Ève, qui cède la première à la tentation, induisant ensuite au péché aussi Adam, l'homme.
Comme je vous l'ai déjà mentionné dans le post « monstres sacrés », le récit d'Adam et Ève (et donc aussi la doctrine du péché originel)... a exercé une grande influence sur la prédication des « Pères de l'Église », qui ont ensuite « mis en place » le « courant » suivant de la tradition religieuse catholique-romaine dans laquelle se sont progressivement consolidés des modes de penser pas du tout « égalitaires » (dont je vous ai parlé dans les post  « La femme dans le christianisme » , « Un coureur échappé », « La femme est femme... ou homme manqué ? Cauchemars et divagations de l'Aquinate »).

Habitués à considérer comme « hors de discussion » la foi religieuse qui jaillit de cette tradition « plurimillénaire »... de nos jours de très nombreux croyants pensent qu'on ne peut pas être chrétien sans croire à la doctrine du « péché originel » (une expression qui, par ailleurs, n'est jamais présente dans les Livres bibliques de l'Ancien comme du Nouveau Testament).

Et vice-versa, ceux qui... au lieu de raisonner selon une certaine tradition... acceptent le défi :-) de raisonner avec leur propre tête, peuvent distinguer la tradition religieuse... de Dieu... en évitant donc de Lui attribuer ce qui, au contraire, provient de la mentalité faillible des hommes.
C'est là la perspective qui amène à « dégonfler » l'importance du récit biblique de Adam et Ève et du péché originel, évidemment élaboré par une tradition religieuse qui subordonne la femme à l'homme... en tournant, plutôt, notre attention sur le récit biblique « égalitaire » (Gen 1,26-28), expression d'une tradition religieuse différente qui n'accueillait pas en elle cette racine de discrimination.

D’ailleurs... à la différence de ce que de très nombreuses personnes aujourd'hui sont « habituées » à croire... les confessions chrétiennes actuelles ne croient pas toutes dans la doctrine du « péché originel » et, pour n'en donner qu'un exemple, toutes ne croient pas que la femme doive être exclue du service sacerdotal réservé « par Dieu » à l'homme.

Ces conceptions-là ne sont en effet pas présentes dans la pensée théologique du Christianisme-ramirique.


P.S. - Pour ceux qui voudraient continuer à réfléchir sur ce sujet « pécheur », je suggère également une « promenade » sur mon blog (en italien) “Sui sentieri del Vangelo di Giovanni”, avec « arrêt » sur les termes :

"Peccato" (nel Glossario)
"Un Gesù... "scandalosamente" misericordioso", Gv 8,10-11 (nel brano "La donna adultera")
Espiazione e purificazione (nel Sentiero panoramico).


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