(Témoignage de Ramia Giancarlo)
La guérison totale de ma fille était survenue à la stupéfaction des médecins qui avaient commencé à l’appeler « le miracle vivant », et avait suscité en moi un désir irrésistible de connaître celui qui l'avait aidée.
Aussi, à peine Teresa fut-elle de retour à la maison que nous organisâmes avec toute la famille un voyage dont le but était la petite église de Torino-Sassi où vivait à l’époque Roberto.
Ma fille était cliniquement guérie, naturellement les médecins avaient prescrit un cycle thérapeutique rigoureux, après la maladie, et, nous les parents, nous le lui faisions suivre scrupuleusement.
Avant de partir pour Turin, nous nous étions organisés en pensant que notre petite pouvait souffrir un peu de la longueur du voyage mais nous n’imaginions certainement pas qu’il pouvait arriver ce qui arriva ensuite !
Teresa commença à vomir pratiquement tout de suite ; les kilomètres passaient mais elle continuait à se sentir mal. Nous arrivâmes aux portes de Milan et nous nous rendîmes compte que nous avions déjà épuisé toute la réserve de petits vêtements et de serviettes de rechange que nous avions prudemment pris avec nous.
Nous fûmes contraints de faire quelque chose qui, encore aujourd’hui, me donne des frissons quand je m’en souviens : nous parcourûmes le trajet d’autoroute entre Milano et Torino en roulant à très faible allure, sur la voie de secours ; ma femme tenait la porte de la voiture à moitié ouverte, prête à pencher ma fille à l’extérieur, pour les moments où elle avait envie de vomir.
Comme si cela ne suffisait pas, à un certain moment la fin du monde se déchaîna du point de vue météorologique : un orage terrible arriva, noir comme je n’en avais jamais vu de ma vie et Stefano, mon autre jeune enfant qui était assis sur le siège arrière, était littéralement terrorisé.
Ma femme me demanda : « Que fait-on ? »...
Je lui dis de suite : « Continuons ! ». Vu le miracle que nous avions reçu, je n’eus aucune hésitation : j’étais conscient que nous emmenions notre fille auprès de ce jeune qui l’avait sauvée et aucun obstacle ne pourrait nous arrêter.
Nous arrivâmes finalement à Torino-Sassi alors que notre petite était déjà épuisée et nous aussi.
Nous commençâmes à attendre que Roberto arrive pour recevoir les personnes qui désiraient lui parler et nous voyions que des gens, beaucoup de gens continuaient à arriver : l’esplanade en face de l’église se remplit.
Une personne sortit de l’Eglise et dit : « Faites passer les personnes de Vicenza… »...
Je me mis en avant et me retournai vers la foule, en disant à voix haute : « Que ceux de Vicenza lèvent la main. »...
Personne ne le fit et ainsi je compris que c’était à nous tout de suite.
Nous entrâmes et je vis pour la première fois Roberto.
La première chose qui me frappa fut l’océan d’Amour que je rencontrai dans son regard.
Je saisis en lui quelque chose d’immense et je ressentis une sensation si sublime que je me retrouvai à genoux devant ce jeune homme qui n’avait même pas 20 ans.
Il s’approcha de Teresa, la toucha, la bénit et dit : « Par rapport à l’état dans lequel je t’ai vue à Padova, maintenant tu vas beaucoup mieux. »...
Un peu désorienté, je me tournai vers ma femme… « Mais comment ? Il est venu à Padova ? »... je n’étais pas encore préparé à ce type de phénoménologie, et cette manière de parler comme quelqu’un qui connaît déjà tout, sans qu’on lui ait dit quoi que ce soit, me laissa stupéfait.
Il resta avec nous quelques minutes, durant lesquelles se produisit un autre fait extraordinaire : sur le front de Roberto, ma femme et moi vîmes distinctement une croix, qu’en fait les autres personnes qui lui parlèrent après nous ne virent pas.
Je me souviens de l’émotion irrésistible de cette première rencontre avec Roberto, je ne réussis pas à lui dire quelque chose : j’eus seulement envie de le remercier, de tout mon être, pour avoir rendu ma fille à la vie.
Au moment de partir se séparer, j’évoquai les conditions désastreuses du voyage de l’aller et il nous dit : « Vous verrez que le retour ne sera pas le même. »
Ramia Giancarlo, la dernière fois tu m’avais parlé aussi de ce fait singulier qui était arrivé à l’hôpital quand, dans l’excitation du moment où Teresa s’était réveillée et t’avait demandé du pain, tu avais inconsciemment regardé les aiguilles de ta montre et avais vu qu’elles « marquaient » minuit. Tu m’avais dit que Swami t’avait aidé à le comprendre.
En effet…il m’a expliqué cette « photographie ». Il me dit que, de même que minuit marque la fin d’un jour et le début d’un jour nouveau, de même sur le cadrant de la montre il m’avait été accordé d’observer le moment de grâce qui marquait la fin du temps de la maladie, pour ma fille, et le retour à la vie.
Après cette première rencontre avec Roberto, vous êtes tout de suite partis pour retourner à la maison ?
Avant de commencer le voyage de retour, nous entrâmes dans un petit restaurant aux alentours de la Basilique de Superga, pour manger quelque chose.
Même Teresa voulait manger et il nous semblait déjà impossible que ce soit elle qui le demande, vu qu’elle n’avait jamais d’appétit. Nous commandâmes aussi pour elle, en pensant qu’elle goûterait peut-être quelque chose et que nous finirions le reste et au contraire il n’y en eut pas de trop.
Ma femme et moi nous étions pour le moins contents, mais aussi soucieux, parce que nous n’avions plus rien pour la changer et que « l’odyssée » du voyage d’aller était bien présent dans nos pensées…
Toujours est-il que nous montâmes en voiture et pendant tout le trajet Teresa continua à chanter avec sa petite voix heureuse qui nous donna une immense joie.
« Arrête ! Autrement cela va finir par nous casser les oreilles… » lui dis-je à un certain moment, en l’embrassant de tout mon cœur tout en souriant finalement.
Arrivés à la porte de la maison ma femme et moi, en même temps, prononçâmes la même phrase : « Roberto avait dit que pour le retour ce serait ainsi. »
Et en effet si l’aller vers Torino fut un désastre, le retour fut un rêve.
(Fin de la 2ème partie - suite)
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