lundi 4 janvier 2010

Trois Moines Ramia au Village de la Joie (2ème partie)

(texte tiré de notre livre "Le Village e la Joie, notes de vie du Fondateur Baba Fulgenzio")

Une vingtaine de minutes après avoir quitté Mikoceni, nous laissons la New Bagamoyo Road et nous nous engageons sur une route poussiéreuse et pleine de trous qui, comme un très long serpent, contourne les Baobabs majestueux en pénétrant dans une zone dégagée. Padre Fulgenzio nous explique que nous traversons la zone où se situera le futur projet de construction d'habitations pour des centaines de milliers de personnes. On a, en effet, programmé ici l'expansion urbaine de Dar.


Rapidement, nous arrivons à proximité du Village. Nous apercevons devant nous, un portail jaune qui permet l'accès au complexe de Santa Maria Nascente, constitué d'un hôpital et d'une école maternelle. Puis, finalement nous voyons un portail bleu, bordé d'un mur sur lequel se détache une inscription multicolore de bienvenue en trois langues, écrite au milieu de quelques petits nuages: «Villaggio della Gioia-Kijiji cha Furaha-Village of Joy». Nous sommes arrivés.


En mettant pied à terre, nous éprouvons de fortes émotions pour ce Village qui, autour de nous, s'ouvre dans toutes les directions, avec beaucoup de travaux déjà accomplis, ou bien entamés, et avec en général, une sensation de grandeur qui dépasse nos attentes.
Le temps de réaliser que nous sommes vraiment là, au cœur de l'œuvre conçue par padre Fulgenzio et tout de suite, nous nous approchons de l'église : le commencement de la Messe dominicale est imminent.


Ici et là, des notes de fête pour une liturgie pleine d'une joyeuse simplicité.
Deux longues files d'enfants, côte à côte, dansent en harmonie, et parcourent le couloir central. Les plus petits sont devant, à scander le rythme, en fendant l'air avec de sublimes harmonies, en décrivant une danse qui célèbre la vie.
L'impact avec ce concentré de gaieté et d'harmonie, est de ceux qui coupent le souffle.


Autour de nous, nous observons des visages d'hommes et de femmes pleins de gratitude, de joie et de dévotion. Une atmosphère unique nous enveloppe, nous faisant nous sentir vraiment dans la maison de la joie. Nous comprenons encore plus combien ce mot ne pouvait absolument pas être écarté du nom que padre Fulgenzio a choisi pour le Village.
La simple limpidité d'âme qui transparaît des personnes présentes nous semble vraiment l'hymne de louanges le plus beau que l'on puisse élever vers le ciel, et puis le chœur: les chants sont des moments de grande participation, d'implication, de prière qui s'expriment par des mélodies rythmées, et des notes qui s'enregistrent dans le cœur.


Après la Messe, la journée est une succession d'impressions, d'expériences, de conversations; don Aurelio et don Leone font les amphitryons et avec padre Fulgenzio, ils nous guident dans une première exploration sommaire du Village, en nous faisant visiter l'auberge de jeunesse, les maisons familiales et les magasins.
En même temps, notre groupe, qui comprend également de nombreux paroissiens de certaines régions de la Bergamasque, est le point de mire du petit Baraka, un enfant très vif, toujours disposé à sourire. Il est vraiment irrésistible avec son visage sympathique dans lequel se détachent deux yeux qui semblent être deux perles. Pour lui, chaque instant est bon pour jouer des scènes hilarantes qui suscitent la joie de tous les gens présents.


Dans ces premières heures africaines, nous avons pu cueillir la magnifique musicalité du dialecte Swahili qui en plus de caractériser les chants splendides, donne une touche musicale aux phrases du langage usuel. Padre Fulgenzio nous explique que c'est la langue de l'Afrique orientale entière, une des plus parlées au monde donc, fruit de l'union des langues africaines archaïques et de l'arabe.
« Dans la langue Swahili, le verbe avoir n'existe pas – nous raconte padre Fulgenzio – seul le verbe être existe: être pour, être avec, être ensemble, être en compagnie de, être aimé de, servir à, partager pour, partager avec.
Pour un africain, le sens de l'existence est de partager avec le groupe : tout le reste en découle. »
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Mais comment? Nous nous regardons, étonnés et nous nous demandons comment un africain peut penser, parler et vivre sans jamais concevoir le concept de possession, et pourtant padre Fulgenzio continue de nous expliquer que nous discutons d'une chose naturelle pour celui qui est habitué, pour pouvoir survivre, à se servir du groupe, de la solidarité comme levier.
Il est inévitable que, face à ce mode de pensée, notre mentalité soit surprise ; aux yeux de notre société fondée sur le capitalisme, ces personnes qui réussissent à vivre, avec une simplicité embarrassante, sans se poser le problème de posséder, ne peuvent nous apparaître que comme "des extraterrestres".


Dans l'après midi, nous avons le temps également d'une rapide visite de Dar ; nous traversons des quartiers remplis de gens, en frôlant de rudimentaires étalages de fruits, en évitant les transports publics surchargés de monde, en longeant des baraques précaires et des petits marchés. Puis, soudain, nous nous trouvons dans une zone totalement différente, avec beaucoup de banques et d'immeubles dignes d'une ville européenne.
Ce sont les contradictions de l'Afrique.
Les paroles de padre Fulgenzio nous racontent une terre déchirée également par le contraste entre les traditions et la modernité.
En rentrant à Mikoceni pour le repas, comme dans un film, nous revivons les émotions surprenantes de la journée ; qui sait combien en vivrons-nous d'autres dans les prochains jours!

(Fin de la 2ème partie – à continuer)

Lis la 1ère partie

Lis la 3ème partie